*Je tiens à remercier Les Éditions Stock et Net Galley pour ce service de presse*
-La révolte des filles perdues
-Dorothée Janin
-Les Éditions Stock, Collection Bleu
-320 pages
-Roman historique, féminisme, guerre, années 40, prison, révolte
Le commentaire de Martine :
Dominique Janin consacre son récit fictif à une histoire réelle, elle présente dans ce roman, Lolita Pille, la révolte des filles perdues et l'histoire de mutinerie des jeunes femmes détenues dans la prison de Fresnes, quelques années après la deuxième Guerre Mondiale. En 1947, au centre pénitentiaire de Fresnes, une quarantaine de jeunes filles, enfermées, pour de petits larcins, pour une conduite inappropriée en société, pour de la débauche, ou bien, parce qu'elles représentent une menace pour la société, donc ces filles étaient incarcérées sans jugement légal. Elles décident de provoquer une révolte, elles cassent tout, elles pillent tout, jettent tout. Tandis que les gardiens et les officiers de police ne sont venus que pour les dompter et leur faire comprendre les bonnes mœurs. Elles seront jugées pour leur intrépidité, leur action, leur solidarité, leur révolte, leur inconscience et leur indiscipline pour tout cela, elles iront en prison.
Après un demi-siècle un certain, Me Valère a réussi sa vie et il ne s'intéresse pas à son passé, comme il était un enfant de l'assistance. Son fils Jonathan, découvre l'acte de naissance de son père que l'avocat ignorait. En pleine crise d'adolescence, Jonathan est perturbé et veut savoir qui sont ses ancêtres, c'est alors que sa psychologue suggère une psychogénéalogie. Elvire Horta leur sera conseillée, elle est une généalogiste très appréciée et elle pourra révéler les origines à Serge Valère, malgré sa réticence et sa réserve concernant la réponse que va leur apporter Elvire. Ce qu'elle va découvrir, c'est que la mère de Serge Valère, était une jeune femme détenue à Fresnes durant la mutinerie de 1947.
Dorothée Janin a voulu écrire une fiction, mais l'histoire celle des filles perdues suscite un grand intérêt. J'aurais pourtant aimé qu'elle creuse, certains thèmes, tels que le ressenti des descendants, des effets de l'après-mutinerie sur les filles détenues, les conditions de vie au sein de cette prison. J'ai été pris par ma lecture du début jusqu'à la fin, avec une envie de m'y replonger pour y retrouver les personnages et l'évolution de l'enquête. L'écriture de Dorothée Janin est poétique, imagée et claire, mais elle sait aussi être directe, nette, humoristique et accessible. Les personnages sont marquants, touchant et attachants, au point qu'on a pas du tout envie de se détacher d'eux. Le thème est magnifique, il a un réalisme surprenant pour arriver à être capable de faire une dénonciation sociale et politique. Cette œuvre a tous les ingrédients dans la cour de la grande littérature, je pense que la réussite de sa publication sera magnifique et que la route sera longue et bénéfique, tout en permettant à des gens à renouer avec leur héritage !
Résumé :
« À mesure que je lis tous les documents que je réussis à retrouver, je commence à voir apparaître leur silhouette, les phrases qu'elles ont lancées aux flics, aux juges… Chaque fois je me demande si celle qui est décrite, celle qui parle, qui rit, qui injurie, qui chante, celle qui a les mains en sang et les vêtements déchirés, est la femme que je cherche. »
Voleuses, fugueuse, vagabondes, de petites vertus, les filles de la prison de Fresnes se mutinent. Le 6 mai 1947, elles défoncent des portes, brisent des carreaux, pillent l’économat, s’empiffrent de chocolat et de confiture, escaladent le mur de la prison et finissent par en occuper le toit. Pendant des heures, elles tiendront bon. Les prisonniers masculins, derrière leurs barreaux, les acclameront. Il faudra cent vingt policiers pour les déloger. Les journaux s’en emparent un temps, qualifiant l’événement d’« hystérie collective », et, après une nouvelle condamnation, les révoltées retourneront à l’obscurité de leurs cachots. Vies d’anonymes diablesses, semeuses de troubles sans voix, la postérité les oublie.
Jusqu’au jour où Serge Valère, un avocat médiatique comme le XXIe siècle en façonne, décide de démêler les fils de ses origines. Lui qui ne connaît pas son père, engage la généalogiste, Elvire Horta, pour retrouver sa mère Madeleine qui l’a abandonné. Elle apprend que celle-ci est une des mutinées de Fresnes. 1947 rencontres alors notre époque. Madeleine rencontre Elvire. Les filles perdues, celles d’aujourd’hui.
Avec force et passion, Dorothée Janin fait surgir la violence, la révolte et la liberté fugace de ces femmes qui n’existaient plus. Porté par une écriture frontale, à la manière du Journal d’un voleur, La révolte des filles perdues interroge notre mécanique sociale et nos obsessions.