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-Mère d’invention
-Clara Dupuis-Morency
-Éditions Triptyque, collection difforme, 2018
-202 pages
-Essai littéraire

*Je tiens à remercier les éditions Triptyque et le groupe Nota Bene pour ce service de presse*

ÉDITIONS TRIPTYQUE: ICI

Le commentaire de Martine :
C’est un récit sur la maternité qui est à la fois troublant et dérangeant, que nous propose Clara Dupuis-Morency. Pour une première publication, cette jeune auteure, spécialiste de Proust, nous présente un ouvrage qui s’inspire du style de son inspiration. C’est avec des phrases longues, des plongées vertigineuses dans son sujet qu’elle en aborde le centre. 
Ce récit relève le désir d’enfanter comme une question existentielle, tout comme la mère avec son enfant, l’écrivain avec son œuvre et elle aborde aussi la gestation et la réalisation après la naissance. Cette métaphore de la thèse comme grossesse a déjà été exploitée, mais j’aime vraiment comment Clara Dupuis-Morency nous la présente dans son essai. 
La plume de Clara Dupuis-Morency est fraîche et sensible, son dynamisme et son intransigeance à dire exactement les bons mots aux bons moments, dans l'intégralité du sujet qui est la création et l’enfantement. 
Je viens de faire une belle découverte d’une nouvelle auteure qui sera à surveiller. 

Résumé :
« Je ne veux pas être une mère qui est toujours dans ses livres, je veux être interrompue, je veux pouvoir être dérangée, je ne veux pas qu’un enfant sente qu’il vit dans un ordre inférieur de réalité, que sa vie est contingente. Je veux qu’il se sente souverain, qu’il soit impérieux, qu’il soit insupportable. Je veux que ce soit l’écriture qui ressente les secousses du quotidien, les dérangements, la maladie, les caprices, je veux que l’écriture soit insomniaque, dépassée par la vie, qu’elle en souffre, et qu’on le sente, qu’on se dise : clairement, elle n’arrive pas à gérer, c’est trop pour elle, ça se voit que tout ça est au-dessus de ses forces, qu’elle concilie mal le travail et la famille, toujours en retard, décalée, c’est agaçant, à l’arrache, sur le bord d’une table, entre deux boires ou deux repas, dans un interstice de l’existence, c’est l’écriture qui finit par en souffrir, fatiguée, exténuée, on sent qu’il ne reste pour écrire qu’un zombie, une volonté exsangue, c’est instable, et c’est ça que je veux, qu’on dise que c’est bâclé et, pourtant, qu’on n’arrête pas de lire […]. »
Voici un livre qu’un évènement réel a scindé en deux. Ce récit mutant, qui n’épargne personne, est l’occasion de découvrir le style entêtant, enflammé et profondément intelligent de l’auteure, hybride de Marcel Proust et de Christine Angot.

Tag(s) : #ESSAI LITTÉRAIRE, #QUÉBÉCOIS